I asked Dr Jean Roy, one of my physicians at HMR who will be cycling with me (he arrives in France on the weekend) to write an entry for my blog, here is is, it speaks eloquently for itself:
J’irai faire du vélo avec William, moi qui ne suis pas sportif du tout!
Pourquoi donc sacrifier une semaine de tes vacances à faire du vélo pour ramasser des fonds, toi qui te plains constamment de manquer de temps ? Ainsi posée, cette question d’un ami m’a effectivement fait sourire. Ceux qui me connaissent un peu savent que je manque cruellement de temps. Pour ma famille d’abord, mes amis et moi-même aussi. Tous ces patients atteints de maladies complexes, ces articles scientifiques à lire pour me garder à jour et ces projets de recherche finissent par prendre tellement de place, c’en est étourdissant. Que voulez-vous, même après 30 ans de médecine, j’ai encore le feu sacré pour l’hématologie, cette spécialité qui s’intéresse aux cancers du sang dont la leucémie.
Même fatigué, je me sens privilégié d’avoir un travail si valorisant. Imaginez un instant comment on peut se sentir quand on annonce à une jeune fille de 22 ans, atteinte d’une leucémie et qui a failli mourir d’une pneumonie aux soins intensifs, qu’elle est maintenant guérie. Si vous pouviez alors saisir, l’espace d’un instant, son regard ou celui de ses parents… Cela fait toujours jaillir en moi un immense bonheur. Dire qu’en 1980, on nous enseignait que la survie des adultes atteints de leucémie ne dépassait pas 10%...Grâce à la recherche, la médecine moderne fait parfois des miracles.
A l’inverse, il m’arrive rarement de parler du côté sombre de mon travail. A part mes collègues, qui pourrait me comprendre? Annoncer à un jeune homme de 30 ans qu’il n’y a plus rien à faire, comme je l’ai fait il ya deux semaines, me bouleverse encore énormément. Je trouve alors la vie tellement injuste… et la médecine si limitée. Une autre vie de brisée, une autre famille dont les enfants grandiront sans connaître l’un des parents… Souvent, après avoir lutté plusieurs mois aux côtés d’un patient et de sa famille, un lien particulier se tisse, un lien qui va rapidement à l’essentiel, comme on en crée rarement en d’autres circonstances. Quand mon patient décède, j’y pense pendant plusieurs jours mais n’en parle à personne. Ceux qui m’entourent sont occupés par la vie quotidienne et ses petits tracas qui me semblent alors d’aucune importance. Je vis mon deuil professionnel dans le silence.
Quand William m’a parlé de son projet, j’ai accepté sans hésiter. Parce que la vie est précieuse et qu’il faut la célébrer : mes patients atteints de leucémie et autres cancers du sang me le rappellent à chaque jour. Des progrès ont certes été accomplis grâce à la chimiothérapie et la greffe de moelle osseuse, mais trop de patients meurent encore de la leucémie. La recherche scientifique est le seul moyen de faire des progrès et de sauver la vie de mes patients. J’irai donc pédaler avec William, ai-je répondu à mon ami. Même si je n’ai pas le temps.
Jean Roy MD, hématologue
Chers Jean et Hélène,
ReplyDeleteJe vous félicite ainsi que M. Brock et toute l'équipe pour cette belle initiative. Je suis certaine que nos patients atteints de leucémie vont grandement bénéficier de ces fonds.
Merci et bonne route!
Josée